L'histoire du collant à travers les âges

Dès que la météo apporte ses premiers frimas de l'année et que la saison d'automne commence, les femmes ont recours à la stratégie ultime pour porter plus longtemps leur robe d'été préférée et éviter le pantalon : l'associer à un collant. Le moment où le temps plus frais signifie qu'il est temps de mettre des jupes ou des robes en protégeant ses jambes du froid est arrivé.
Les collants, bas et jambières existent depuis bien plus longtemps que la plupart des gens ne le pensent et ont fait du chemin depuis les premières versions inconfortables qui les ont précédées. Bien sûr, comme toute chose dans l'histoire, ils ont pris de nombreuses formes différentes et se déclinent en différentes tailles et formes, mais il s'agit toujours d'un sous-vêtement pour les jambes et ils remplissent toujours la même fonction : vous tenir au chaud et vous sentir belle quelles que soient les tenues et les morphologies.
Aujourd'hui, on peut les acheter dans un million de couleurs, de motifs et de épaisseurs différents, et même avec une paire doublée de laine polaire pour ne pas avoir froid en hiver.

Sommaire

L'antiquité

L'histoire du bas et du collant remonte à l'Egypte antique. Historiquement, les pharaons étaient enterrés avec de la nourriture, de l'or et des vêtements car ils croyaient que ces articles vous accompagnaient à votre mort et que vous deviez avoir tout ce dont vous aviez besoin autour de vous dans votre tombe. Les archéologues ont découvert la plus ancienne paire de bas connue dans la tombe d'une riche femme noble. Bien que l'artefact ait au moins 2 000 ans, la confection (comme pour la plupart des objets de l'Égypte ancienne découverts à l'occasion de fouilles archéologiques ) était très sophistiquée. Les bas étaient conçus avec un talon ajusté pour le confort, ainsi qu'un cordon de serrage sur le haut pour les empêcher de glisser. Les anciennes versions de collants n'étaient pas limitées à l'Égypte. En fait, le mot "bas" est dérivé d'un mot grec. Les ouvriers et les esclaves de la Grèce antique portaient ce vêtement. Pendant l'époque romaine, les femmes portaient une sorte de chaussette courte (appelée soccus en latin) lorsqu'elles étaient chez elles.

L'antiquité

C'est au 12e siècle que les bas ont commencé à ressembler beaucoup plus aux collants modernes. C'était à l'origine un vêtement essentiellement porté par les hommes et confectionné au plus près du corps pour rendre pratique la vie de cavalier. Pour la noblesse, les tissus étaient faits de soie ou de laine fine, pour les classes inférieures les tissus étaient plus grossiers avec des finitions moins élaborées.
En Europe, les hommes portaient des "culottes" qui étaient essentiellement des collants : des bas qui couvraient le corps de la taille aux pieds. Les versions féminines étaient similaires, mais se terminaient au genou et étaient maintenues en place par des jarretières. Mais au Moyen-Âge, la science et l'expérimentation ont refait leur apparition parmi les universitaires pour rendre la vie quotidienne moins pénible. Les universitaires consacraient des ressources et du temps à la mise au point de nouvelles machines qui accéléraient les tâches quotidiennes.
Une révolution technologique pour les bas et les chaussettes a eu lieu au cours du 16e siècle avec l'invention de la machine à tricoter. L'ecclésiastique anglais William Lee en a créé la première version en 1589 et a présenté la première paire de bas en pure soie d'abord à la reine Elizabeth I d'Angletterre. Auparavant, ces types de vêtements femme ne pouvaient être fabriqués qu'à la main. Non seulement la production est devenue plus rapide, mais elle a permis de réaliser des mailles plus petites et donc des tissus plus fins. La fabrication moderne et le monde de la mode en général sont aujourd'hui influencés par la façon dont ces premiers inventeurs ont créé les premiers métiers à tisser et les vêtements qu'ils ont produits avec ceux-ci.
Dans les années 1600, toute la soie était importée de Chine par mer ou par charrette à travers le pays. Ce voyage prenait des mois et la soie était incroyablement chère, ce qui faisait des bas du révérend Lee un cadeau très luxueux et qui a fait de sa machine une véritable percée dans l'industrie. Après cette première innovation, habiller ses jambes était devenu courant parmi les membres de l'aristocratie. Le collant était une nouvelle forme d'habillement. C'est d'ailleurs à cette époque que la plupart des nobles arborent une forme de collant dans leurs portraits et leurs peintures. C'était un symbole de richesse qu'une personne puisse s'offrir des vêtements aussi difficiles à fabriquer. Cela a fini par changer.
Les améliorations de John Ashton, l'un des assistants du révérend Lee, ont rendu l'invention plus accessible. La confection est devenue plus facile et de nouvelles machines ont été créées pour faciliter la fabrication et la rendre plus rapide, plus sûre et simplement moins coûteuse. À mesure que les bas et les collants devenaient plus courants et moins chers, d'autres formes de bonneterie sont apparues.

L'époque moderne

Les bas et collants sont restés populaires tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier auprès de la noblesse et de la bourgeoisie. Le développement du commerce de la soie à cette époque en a fait le matériau de choix pour l'habillement. Bien entendu, comme on peut l'imaginer, ces bas étaient plus à la mode que fonctionnels. Par temps froid, les bas de soie étaient souvent superposés, et celui qui les portait en portait plusieurs à la fois pour se tenir au chaud.
Au XVIIIe siècle, les bottes hautes sont devenues à la mode, ce qui a posé un problème, les bas pouvant facilement s'abîmer à l'intérieur des bottes, un vêtement de protection appelé "tuyau de botte" a été créé afin de mieux les préserver. Les bottes étaient munies de lacets qui se repliaient sur le dessus.
Au XIXe siècle, les bas sont passés de mode pour les hommes (les bas et les jarretières ont été remplacés par des chaussettes, des pantalons et le caleçon ). Pour les femmes, cependant, ils sont devenus indispensables : des bas de coton confectionnés à la machine sont venus compléter la garde robe féminine tout en étant beaucoup plus accessibles que leurs homologues en soie. La première paire de collants ressemblant au collant moderne pour femme a en fait été fabriquée en 1803 sur une machine similaire à celle du révérend Lee.
La bonneterie est restée largement inchangée au cours des 2 siècles précédants, mais au début du 19e siècle, ils ont été controversés pour la principale raison que l'entreprise responsable de leur fabrication avait l'intention de fabriquer des collants pour remplacer les jupons des femmes. Au lieu d'un ensemble de sous-vêtements longs et superposés, les femmes portaient des collants à la place. Cela apporterait chaleur et discrétion, et une robe longue et fluide pourrait être portée par-dessus en obtenant la même protection, avec moins de temps passé à la toilette le matin. L'avantage était de rendre les robes moins étouffantes et permettait de bouger plus librement en toutes circonstances. Les robes et les jupes pouvaient également être plus courtes et dévoiler plus la jambe pour la sublimer. Cette approche plus ouverte et plus libre du style vestimentaire était considérée comme obscène à l'époque et est restée stigmatisée tout au long de l'ère victorienne.

L'époque contemporaine

Les livres d'histoire attribuent à Allen E. Gant la création des collants ou "Panti-legs" en 1959. L'idée lui est venue dans un train de nuit pour la Caroline du Nord avec sa femme enceinte, Ethel Boone Gant, alors qu'ils rentraient tous les deux chez eux après la parade de Thanksgiving de Macy's. Ethel a dit à son mari que ce serait le dernier voyage qu'elle ferait avant l'arrivée du bébé, car le port de la combinaison bas nylon, soutien-gorge, gaine, corset bustier ou porte-jarretelle que les femmes portaient à cette époque, devenait trop inconfortable. Lorsqu'ils sont rentrés à la maison, Gant a été inspiré et a demandé à sa femme de coudre une paire de bas sur la culotte et de les essayer. Elle trouva cela pratique et original, alors Gant a apporté le prototype à l'usine de vêtements où il travaillait et a trouvé un moyen de tricoter des collants sur des machines à bas couture avec du fil non extensible.
Mais si les nouveaux collants étaient pratiques, ce n'est qu'avec l'apparition des minijupes introduites par André Courrèges et Mary, au milieu des années 60 que les collants ont commencé à devenir vraiment populaires, apportant de nouveaux niveaux de confort et de maintien. Les collants opaques ( supérieurs à 40 deniers ) sont devenus un phénomène de mode, résultat d'une rencontre entre la technologie du tricot circulaire et les nouveaux fils de nylon texturés. Les nouvelles technologies et les nouvelles modes ont encouragé un développement constant, le marché a été revitalisé par les bas et les collants en dentelle dans les années 1960, par les designs soyeux et élégants en diaphane dans les années 1980 et par le confort sans précédent des années 1990. Il a fallu attendre les années 1970 pour que les collants dépassent en popularité les bas en nylon. Depuis lors, leur popularité galopante a été éprouvée à de nombreuses reprises et l'essor emblématique des leggings dans les années 80 et 90 a gravé leur popularité dans le marbre. Aujourd'hui, la popularité dont jouissent les collants est le résultat d'un mélange idéal de goût, d'innovation technique ( la fibre élasthanne élastique appelée aussi lycra mais également la microfibre polyamide ), de choix judicieux des matières premières et de qualité de la production de la maille. Les collants sont restés largement les mêmes depuis, bien qu'avec de légères modifications en fonction de l'esthétique de la mode. Par exemple, les résilles et les collants déchirés étaient la marque de fabrique du grunge des années 90, et le collant fluo était populaire dans les années 80.
Puis d'innovation en innovation à partir des années 2000, la technologie évolue, les ceintures élastiques des collants sont améliorées pour une meilleure tenue, plus confortable, comme une seconde peau. Ils deviennent plus transparents, le galbe des hanches des cuisses est mis en valeur. Les modèles Push-up ( remonte fesses ) ou spécial ventre plat qui arrivent sur le marché vont nous permettrent de corriger les petits défaut de nos silhouettes. Les coupes taille basse ou taille haute s'adaptent à toutes les morphologies y compris pour les grandes tailles destinées aux femmes rondes. Des matières comme la dentelle florale ou des motifs imprimés comme les effets bas jarretière ont peu à peu fait entrer le collant dans les tiroirs de lingerie sexy, ils sont devenus des atouts sensualité indéniables ce qu'ils n'étaient pas au début des années 60.
Aujourd'hui, on peut trouver tous les styles et coloris, du noir basique au noir brillant, finition mat ou satiné, diaphane et chatoyant, opaque ou transparent, glamour, sexy, résille,  fantaisie ou à coutures, grande taille. Si les collants sont pratiques à enfiler et confortables, ils permettent aussi de raconter une nouvelle histoire sur la place des femmes dans la société. Dans les années 50, les jeunes femmes s'habillaient comme des mini versions de leurs mères, mais les années 60 ont vu apparaître des vêtements féminins qui appartenaient clairement à une nouvelle génération. Avant la mini-jupe, les femmes devaient porter toute la gamme de lingerie fine, des combinaisons avec armatures, des panty, des porte-jarretelles, serre-taille ou guêpière. Les collants, tout autant que la mini, étaient un geste de liberté, de jeunesse mais aussi de féminité et de séduction.

Différences de qualité et de prix

Plus fins, moins chers, confortables et sans couture : la quadrature du collant Ce qui, a coup sûr, a fragilisé et diminué la longévité du collant contemporain, c'est la formule impossible entre un prix trop bas, une trop grande finesse de la maille et la disparation de la couture arrière présente sur les premières générations de bas nylon. Devenue un symbole de sophistication et de glamour lorsque les collants ont supplantés les bas classiques en nylon, elle permettait de tricoter la fibre à plat reliant les deux parties du bas par une couture qui assurait une extrême résistance. Le tricotage précis et une finition manuelle, combinés à un fil plus épais offraient une longévité bien plus grande aux premières générations de bas nylon.

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